Répressions et déportations en France et en Europe, 1939-1945.

Afin d’accompagner les élèves et leurs professeurs et d’orienter leur réflexion sur le thème du Concours national de la résistance et de la déportation (CNRD) 2018-2019, « Répressions et déportations en France et en Europe, 1939-1945. Espaces et histoire« , le Mémorial de la Shoah a conçu une exposition itinérante destinée à voyager dans les établissements qui en feront la demande tout au long de l’année. Nous vous présentons ici un résumé thématique de cette exposition.

   Mode d’emploi

 

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, le IIIe Reich et ses alliés ont mis en œuvre un ensemble de politiques répressives, ayant des modalités et des visées différentes. Celles-ci furent destinées non seulement à réprimer leurs opposants et adversaires, mais également à remodeler les territoires sous leur contrôle, notamment en s’attaquant à différentes populations.

La violence qui fut déployée durant le conflit s’inscrit dans différents cadres, car ces politiques furent mises en œuvre selon des logiques relevant de critères, entre autres, liés aux statuts des territoires (dirigés par des alliés, occupés, annexés…), à la situation militaire ou encore selon la grille de lecture raciale attachée à chaque population.

Afin d’asseoir son contrôle sur la zone occupée et de combattre toute forme d’opposition, l’occupant met en place des tribunaux militaires destinés à assurer la répression. Les personnes accusées de résistance sont condamnées à des peines de prison ou à la peine de mort.

Mais au fil de l’année 1941, en réponse aux premières attaques de la Résistance, l’occupant met en place la « politique des otages ». Militants communistes, syndicalistes, résistants ou encore Juifs sont extraits de leurs lieux de détention et fusillés en représailles.

Le 7 décembre 1941, le IIIe Reich met en place la politique de « Nuit et brouillard », qui a pour but de faire disparaître des résistants en les envoyant en détention en Allemagne, dans des prisons ou des camps. L’objectif est de dissuader l’opposition au sein de la population en instillant la peur avec ces disparitions pures et simples.

 

 

Dans les mois qui suivent l’occupation de la Pologne, les autorités allemandes mettent en place une politique de ghettoïsation à l’encontre des populations juives, considérées selon l’antisémitisme nazi comme une menace. Des centaines de ghettos sont créées, aux réalités et aux conditions très différentes. Dans certains ghettos, comme celui de Lodz, le deuxième plus important avec 160 000 personnes enfermées, la population est astreinte au travail forcé au profit des industries allemandes ou des chantiers de construction routiers et urbains.

En septembre 1941, Hitler ordonne de vider le territoire de l’Allemagne de toute présence juive. Dès octobre, des déportations sont organisées, emportant des milliers de Juifs de Berlin, Vienne, Hambourg, Cologne ou Francfort à destination de ces ghettos à l’Est. Au total, jusqu’au mois de mars 1942, plus de40 000 Juifs déportés d’Allemagne sont acheminés vers les ghettos de Minsk, Riga, Kaunas et surtout Lodz.

 

 

A la fin de l’année 1941, les dirigeants du IIIe Reich décident de procéder à l’assassinat systématique des Juifs à travers le continent européen, et même au-delà. Désormais, c’est un plan de destruction sans équivalent qui est mis en œuvre, la « solution finale ».

Tandis que les unités mobiles de tuerie continuent à opérer, exécutant les victimes sur place, en particulier dans les territoires à l’Est, dans le même temps d’immenses déportations sont organisées, sous la houlette d’Adolf Eichmann, qui coordonne les opérations. L’objectif est d’acheminer les populations juives vers des centres de mise à mort, lieux dévolus à une seule tâche, l’assassinat de masse.

Parmi ces sites, qui ont des fonctions de destruction à l’échelle de régions, un site à pour mission la destruction des populations juives du continent, Auschwitz. Son positionnement au cœur du système ferroviaire européen permet l’acheminement des Juifs depuis tous les pays.

 

 

Dès les années 1930 en Allemagne, les Tziganes sont la cible de persécutions par le régime nazi, qui les considère comme des individus « nuisibles » constituant une « race d’asociaux ». Les mesures contre eux se multiplient et, dans de nombreuses villes, afin de les mettre à l’écart, ils sont rassemblés dans des camps.

Mais, en septembre 1939, un seuil supplémentaire est franchi : les dirigeants du Reich décident de déporter 30 000 Tziganes du pays et, au printemps 1940, les premiers convois partent vers le Gouvernement général ou d’autres territoires, parmi lesquels le ghetto de Lodz.

Les populations tziganes d’Allemagne et d’Autriche ont été détruites quasi-intégralement (environ 31 000 morts sur une population de 33 000) du fait des politiques mises en œuvre à leur encontre dans les territoires du Reich.

 

 

Pour mettre en œuvre la solution finale en France, des rafles sont organisées à partir de juillet 1942 dans tout le pays. Les deux plus importantes ont lieu à Paris, les 16 et 17 juillet, avec la rafle du Vél’ d’Hiv’ qui se solde par plus de 13 000 arrestations, et en zone libre, le 26 août 1942, avec une rafle qui permet d’atteindre le quota de 10 000 Juifs promis par l’Etat français aux Allemands.

Le centre des opérations est constitué par le camp de Drancy, dans la banlieue parisienne, vers lequel sont dirigés les Juifs arrêtés dans tout le pays.

De là, sont organisés des convois de 1 000, ou parfois 1 500 personnes qui quittent la France à destination, hormis quelques rares cas, du centre de mise à mort d’Auschwitz. La déportation ne constitue qu’un moyen d’acheminer les victimes vers les lieux de leur assassinat, qui intervient pour l’immense majorité dans les heures qui suivent leur arrivée.

 

En janvier 1945, on compte plus de 700 000 détenus dans les camps de concentration. Face à l’avancée des armées alliées, les Allemands transfèrent les prisonniers vers des camps situés à l’intérieur du Reich, dans des conditions meurtrières qui leur vaudront le nom de « marches de la mort ». Ils ne seront libérés que dans les dernières semaines de la guerre, quand les armées alliées atteignent le cœur du Reich.

Lorsque la guerre s’achève, on estime qu’il se trouve plus de 11 millions de personnes déplacées (DPs, pour Displaced Persons) en Allemagne, en Autriche ou en Italie. Derrière ce chiffre se trouvent de nombreux cas de figures, très différents : prisonniers de guerre, déportés politique ou raciaux…

Le rapatriement vers la France concerne toutes les catégories de population touchées par leur transfert ou leur déportation dans les territoires sous contrôle allemand. Près d’un million de prisonniers de guerre, plus de 600 000 travailleurs du STO, 37 000 déportés pour faits de résistance, otages ou droits communs (59 % de survivants) et 3 000 Juifs (3 % de survivants), rentrent en France à partir d’avril 1945.