3 questions à Tal Bruttmann,
historien et commissaire de l’exposition "Face à l’occupant, l’engagement des femmes dans la Résistance"

Le thème du concours est très large cette année, quels sont selon vous les axes majeurs de réflexion pour les élèves préparant le concours ?

Il s’agit d’amener les participants au concours à réfléchir avant tout aux diverses aux formes qu’ont prises les politiques de répression mises en œuvre pendant la guerre. Le sujet peut en effet paraître très large de prime abord, mais de fait il a pour objectif de réinscrire les événements dans le cadre global de la guerre en Europe. Il ne s’agit évidemment pas de traiter de l’ensemble, et un sujet local a toute sa place dans le concours. Le cadre général ainsi posé permet de réfléchir à la manière dont un ou des événements qui se sont produits localement s’inscrivent dans le cours de la guerre et de l’évolution des politiques répressives et des déportations.

Les politiques de répressions et de déportations initiées par le IIIe Reich sont diversement appliquées selon les pays occupés, comment peut-on les distinguer ?

Elles sont variables, selon tout un ensemble de critères et d’objectifs. Mais l’un des éléments centraux est la chronologie à proprement parler de la guerre. Les victoires puis les défaites de l’Allemagne ainsi que la situation dans chaque territoire sont de ce point de vue capitaux. Quant à leur distinction à proprement parler, elle repose sur la compréhension des objectifs poursuivis par le IIIe Reich, ou d’autres acteurs du conflit. Ainsi la destruction de la Pologne en tant qu’Etat et l’annexion de son territoire permettent de comprendre les politiques mises en œuvre à l’encontre des populations polonaises dès fin 1939 par exemple.

Dans le cadre du thème du concours, comment situeriez-vous le cas de la France ? Est-il singulier ou représentatif des politiques de répression en Europe ?

Il est important d’insister sur un aspect essentiel : chaque territoire ou région concerné par les politiques répressives a ses particularités. Et de ce point de vue, évidemment la France est soumise à des politiques qui lui sont propres et qui vont évoluer selon différents critères. Le fait que le régime de Vichy soit un État allié au Reich joue un rôle important concernant l’occupation et les politiques répressives, qui sont initialement relativement contenues. En revanche, au fil des mois elle se durcissent face à l’activité de plus en plus importante de la Résistance. Et en 1944, on voit se mettre en place des politiques répressives de plus en plus dures et d’une ampleur qui commence à ressembler à ce qui a été mise en œuvre dans d’autres territoires. C’est dans ce cadre que le printemps puis l’été verront des opérations militaires de plus en plus lourdes, avec des massacres dont le plus important est celui d’Oradour-sur-Glane, mais aussi avec des exécutions de milliers de résistants ou de Juifs sur tout le territoire.