CHRÉTIENS ET CHRÉTIENNES MOBILISÉS DANS L’ENTRAIDE

Les chrétiens et chrétiennes mobilisés sont le plus souvent insérés dans des réseaux interreligieux, mettant en contact différentes confessions chrétiennes, mais aussi des organisations juives.

Spontanée ou organisée, individuelle ou collective, l’aide prend des formes multiples : fabrication de faux papiers et de certificats de baptême, hébergement des Juifs traqués dans des habitations individuelles, couvents ou écoles religieuses, fuite des camps et passage de frontières.

Pour les clercs et fidèles qui s’engagent dans ces actions d’entraide et de sauvetage, le risque est élevé, pouvant conduire à l’arrestation, à l’internement et à la déportation.

CROIX DU CHRIST CONTRE CROIX GAMMÉE

Plusieurs prêtres et pasteurs ont ainsi mis leur foi en résistance, comme des hommes de Dieu et des Français refusant l’Occupation. Par leur foi, leur résistance fut d’abord spirituelle, pour la défense des droits de l’homme, marquée par des gestes de solidarité, d’entraide et d’implication dans les réseaux de sauvetage.

Visés par les services allemands comme hommes d’Église et comme résistants, la répression s’est abattue sur eux. Pas de déportation systématique des hiérarchies catholique et protestante, mais la plupart de leurs membres résistants arrêtés sont ensuite transférés dans l’univers concentrationnaire.

Certains, jugés et condamnés à mort, ont été déportés dans les prisons du Reich où leurs peines ont parfois été exécutées. D’autres ont été déportés en secret avec leurs camarades résistants. 

 

FACE À LA SHOAH, L’ACTION DES ÉGLISES EN EUROPE

Entre l’été et l’hiver 1942, plusieurs sources alertent les pays alliés et neutres du plan nazi d’assassinat des Juifs d’Europe ainsi que des méthodes d’extermination de masse.

Face à la frilosité des gouvernements alliés, certains dirigeants religieux prennent la parole pour dénoncer publiquement un crime sans précédent. Les réactions les plus fortes et rapides proviennent des réseaux œcuméniques internationaux (en majorité protestants) en Suisse, aux États-Unis, et au Royaume-Uni.

Les tentatives de réponses interreligieuses entreprises au début de l’année 1943 aboutissent à une déclaration commune judéo-chrétienne, mais elles restent cependant incomplètes, notamment par l’absence du Vatican. 

LA DIPLOMATIE À NULLE AUTRE PAREILLE DU VATICAN

Micro-État sans armée et avec une souveraineté limitée, le Vatican est souvent impuissant à s’imposer dans la géopolitique de la guerre. Mais le Saint-Siège a d’autres moyens d’influence : la charité, l’opinion publique et les réseaux religieux transnationaux.

Les réactions du Vatican face à la Shoah reflètent un équilibre changeant entre aide humanitaire et diplomatie prudente. Aux yeux du Vatican, les Juifs sont ainsi des victimes de guerre comme les autres qui ne relèvent pas de sa juridiction ecclésiastique, à moins qu’ils ne soient baptisés.

D’autres facteurs expliquent encore les actions limitées du Saint-Siège face à l’assassinat des Juifs : la peur de représailles contre l’Église, la volonté de ne pas rompre les liens diplomatiques avec l’Allemagne, l’anticommunisme et la persistance de préjugés antijuifs.

« Mon Père, vous avez été notre 18 Juin Spirituel. C’est trop peu dire que nous vous lisions. Tandis que vous portiez Témoignage dans les soutes et les prisons, les pharisiens de Vichy perpétraient le pire des mensonges : d’une main, ils relevaient les autels, de l’autre, ils en éteignaient les lumières… Le jour où un missionnaire de la Résistance m’a mis votre Témoignage entre les mains, j’ai ressenti le même choc libérateur que le soir où, sur le chemin d’une retraite qui paraissait sans fin, la voix du Général de Gaulle était parvenue jusqu’à moi. »

 

Maurice Schumann, porte-parole de la France libre à Londres, septembre 1944.