IMAGES CONTRASTÉES DE PIE XII

Dans les années 1960, ces images contrastées se transforment en véritables procès, en acquittement ou en condamnation, dans un contexte doublement marqué par le concile Vatican II et le procès Eichmann.

En 1963, la pièce de théâtre Le Vicaire, du dramaturge allemand Rolf Hochhuth, accuse Pie XII de complicité silencieuse face au génocide et provoque un scandale retentissant.

En l’absence d’accès des historiens aux archives, les polémiques perdurent jusqu’aux années 2000 avec, notamment, l’adaptation cinématographique du Vicaire, Amen.

L’ouverture des archives du Vatican en 2020 offre une image plus nuancée de Pie XII, tout en rappelant combien l’Église n’est pas un bloc : la question de l’attitude des Églises face à la Shoah est loin d’être réductible à la seule figure du pape.

 

 

 MÉMOIRE ET REPENTANCE

À partir des années 1970-1980, un tournant mémoriel encourage un examen plus approfondi de l’attitude des chrétiens durant la Shoah.

L’Église catholique participe à un mouvement de repentance plus général à la fin des années 1990. Sous le pontificat de Jean-Paul II, le Vatican publie en ce sens la déclaration « Nous nous souvenons : une réflexion sur la Shoah », du 12 mars 1998, appelant à un « devoir de mémoire ».

En France, la conférence des évêques réunie à Drancy le 30 septembre 1997 reconnaît les « silences » de la hiérarchie durant la Shoah et son « repli sur une vision étroite de la mission de l’Église ». 

« Aujourd’hui, nous confessons que ce silence fut une faute. Nous reconnaissons aussi que l’Église en France a alors failli à sa mission d’éducatrice des consciences et qu’ainsi elle porte, avec le peuple chrétien, la responsabilité de n’avoir pas porté secours dès les premiers instants, quand la protestation et la protection étaient possibles et nécessaires, même si, par la suite, il y eut d’innombrables actes de courage. C’est là un fait que nous reconnaissons aujourd’hui. Car cette défaillance de l’Église de France et sa responsabilité envers le peuple juif font partie de son histoire. Nous confessons cette faute. Nous implorons le pardon de Dieu et demandons au peuple juif d’entendre cette parole de repentance. Cet acte de mémoire nous appelle à une vigilance accrue en faveur de l’homme dans le présent et pour l’avenir. »

 

Déclaration de repentance des évêques de France. Drancy, France, 30 septembre 1997.